La Libération de Bourg et de ses environs, le 4 septembre 1944

Dans quelles conditions s’est déroulée la Libération de Bourg-en-Bresse et de ses environs ? L’enquête est menée au sein des archives.

PREMIÈRE PARTIE : EN ATTENDANT LA LIBÉRATION

Un été 44 meurtrier

Déjà très active depuis la fin de l’année 1943, la Résistance n’a pas relâché sa lutte contre les Allemands et leurs collaborateurs que sont les miliciens et les Groupes mobiles de réserve. Ces trois composantes œuvrent au sein des Troupes d’opération (T.O.) pour traquer les maquisards. Ceux-ci ne disposent guère que d’armes d’infanterie mais ils entretiennent un haut degré d’insécurité permanent envers les Allemands. La lutte serait plus sanglante si la Résistance ne privilégiait pas les coups de main et les embuscades.
Peu après le débarquement du 6 juin 1944, Philippe Pétain n’a pas souhaité engager ses "troupes" dans une guerre fratricide mais les luttes demeurent, avec de nombreuses victimes de part et d’autre. Après les épisodes de juin et juillet 1944, les Renseignements généraux (R.G.) écrivent, le 25 juillet 1944, au préfet de l’Ain : « les opérations de police effectuées par les T.O. ont causé une vive terreur dans tout le département de l’Ain. Les communes éprouvées manifestent actuellement une nette hostilité à l’égard du Maquis qui vient les piller pour s’enfuir dès l’apparition des T.O. (…)
Toutefois, depuis le départ d’un fort détachement des T.O. et de la Milice le 16 juillet, un regain d’activité de la Résistance semble se manifester. Chacun redoute la reprise des mesures de police dont la plupart du temps la population civile seule supporte les graves conséquences et les sanglantes représailles [1]
 ».

Dortan, village incendié le 12 juillet 1944 par les Allemands.

En juillet 1944, la gendarmerie recense, outre les vols, cambriolages ou sabotages, 22 « incidents avec la population », notamment à Salavre, Leyment, vallée de l’Albarine, Polliat, Saint-Martin-du-Mont, Saint-Denis-en-Bugey, Bourg, Neuville-sur-Ain, Cerdon, Maillat, Péronnas, Revonnas, villages du Revermont ou encore Thoissey (ordre chronologique).
Ces épisodes se déroulent à un moment où la principale préoccupation de la population non rurale est le ravitaillement et beaucoup de cyclistes parcourent la campagne pour frapper aux portes des fermes.

Notez la faiblesse des rations mensuelles !

Les espoirs des uns, les conquêtes des autres

La Résistance est présente partout mais la Milice espère encore inverser la tendance. Après le succès de sa soirée du 19 juillet au cinéma L’Éden [2], elle lance un Appel à la population le 1er août par des affiches placardées à Bourg, en Bresse et en Dombes.

Un curieux décalage dans l’évaluation de la situation.

Cet appel, tout à fait curieux, est en résonance avec la volonté allemande, exprimée en janvier 1944, d’imposer le ralliement de la population par la terreur. Il est aussi en décalage avec les échos du front de Normandie que fournissent les communiqués officiels. Les contre-attaques allemandes du début de juillet sont devenues de violents ou d’opiniâtres combats à la mi-juillet pour se transformer, fin juillet, en une bataille défensive ou Bataille de France car les Anglo-Américains ont repris l’offensive. Par les villes citées, tout lecteur peut évaluer la progression, même laborieuse, des Alliés.
Les espoirs de la Milice de créer « une sorte de garde nationale pour la défense de la population » sont anéantis par le débarquement des Alliés sur les côtes de Provence le 15 août 1944. En effet, « une grande partie du public pense que les évènements ne manqueront pas de se précipiter d’ici la fin du mois d’août, tant en raison du peu de résistance que l’armée allemande opposerait aux envahisseurs que parce qu’ils prévoient la jonction des armées de l’invasion avec les forces du Maquis français des Alpes ».
Par contre, « dans les milieux collaborateurs et miliciens, on tend à minimiser l’importance du débarquement allié [3] ». À l’ironie affichée succède rapidement l’inquiétude car la plupart des miliciens quittent Bourg le 19 août 1944 pour se regrouper à Belfort. Il est vrai qu’Hitler a déjà donné l’ordre à ses armées de se replier derrière la Seine. En ce même 19 août, le poste allemand du Châtelet à Saint-Étienne-du-Bois est attaqué par les Forces françaises de l’Intérieur (F.F.I.) et les Allemands font un raid de représailles sur la commune le 22 août.

Les Allemands se retirent de Lyon

Le débarquement de Provence est une réussite. Les Allemands tentent bien de garder les ports de Toulon et de Marseille mais ceux-ci sont conquis les 23 et 29 août. Parallèlement à ces batailles, les Alliés ont progressé dans l’arrière-pays pour libérer Gap le 20 août et Grenoble le 22 août. Après la bataille de Montélimar du 21 au 28 août, Valence est conquis le 31. Lyon, étape suivante, est l’enjeu de deux stratégies opposées : les Allemands veulent protéger leur retrait de cette ville et les Américains leur couper la route vers Besançon-Belfort.
Cet ultime affrontement dans nos contrées n’est pas délimité par une ligne de front qui progresserait vers le Nord mais il est fait d’interpénétrations dans la vaste plaine bressane qui ne se prête guère à des chocs directs. Aussi, deux voitures américaines d’avant-garde arrivent-elles à Pont-d’Ain le 30 août alors que Lyon est encore "allemand".
Le lendemain, toujours à Pont-d’Ain, deux avions allemands lâchent quelques bombes sur les quartiers du port et de la gare et, dans l’après-midi, une colonne allemande arrive et détruit complètement le pont routier vers 16 heures. Les Allemands incendient des immeubles et poursuivent leurs destructions le 1er septembre. Les Américains arrivent en force le 2 septembre. Le bilan des évènements s’élève à « 38 immeubles et 61 foyers complètement anéantis, 177 personnes sinistrées plus 5 foyers partiellement sinistrés ou pillés [4] »
Un autre affrontement se déroule à Meximieux le 1er septembre 1944 mais, malgré leurs pertes, les Allemands ont gagné suffisamment de temps pour évacuer, en ordre, Lyon, libéré le 3 septembre. Les Américains sont déjà à Montrevel pour couper leur retraite mais, avec des moyens insuffisants, ils échouent les 2 et 3 septembre.

Un char américain stoppé lors des combats de Montrevel.

Les Américains ont aussi longé le Revermont et la vallée du Suran. La commune de Meillonnas se souvient : « l’arrivée des Américains dans la localité (2 septembre 1944) coïncide avec celle des postes avancés, aile gauche du dispositif de l’armée De Lattre. Accueil enthousiaste des Marocains venant d’Italie et des Américains. Toute la population est dans la rue. On sent la libération. On éprouve un sentiment de fierté et de sécurité lorsqu’on voit défiler les puissants engins motorisés ( artillerie tractée, tanks de toutes tailles, jeeps rapides). Un vaste réseau téléphonique de campagne s’étend sur le village, des ordres brefs sont donnés, des positions sont prises. Chacun se rend compte de la force d’une telle organisation [5] ».

Une armée en retraite

De leur côté, les Allemands empruntent les routes traditionnelles dont la vallée de la Saône. Là, un témoin de Pont-de-Veyle raconte : « 1er septembre. Le matin au jour, de nombreux camions allemands sont passés, remontant vers le Nord. Ils étaient très camouflés, remplis de troupes, fusils au poing. (...)
2 septembre. Défilé ininterrompu de voitures, toute la nuit jusqu’à trois heures du matin. (...) Puis ce fut, toute la journée, un défilé sans arrêt de véhicules traînés par des chevaux. Il y en avait de toute forme, de tout calibre. Les Allemands avaient ramassé tout ce qui pouvait rouler. Il y avait des soldats à pied ; ils paraissaient fatigués ; ils avaient déjà 80 kilomètres dans les jambes et ils marchaient toujours. Il y en avait qui roulaient sur des bicyclettes sans pneus, d’autres qui poussaient des voitures d’enfants chargées de butin. Une vraie débâcle. Il y en a qui, arrivés dans la nuit, avaient pénétré dans les maisons pour se reposer. Dans certains endroits, ils ont été corrects, dans d’autres maisons, ils ont fait des dégâts, pillé, surtout où on n’avait pas ouvert tout de suite.
Le commandant du détachement avait convoqué l’adjoint faisant fonction de maire, le prenant comme otage pour garantir la sécurité des troupes. (...) Le commandant envoya une patrouille qui ramena dix personnes pour passer la nuit à la mairie, sous bonne garde. Le maire a été prévenu, qu’en cas d’attentat, les otages seraient fusillés, lui le premier. Heureusement, tout se passa bien, sans incident. Toute la journée du 2, il arrivait toujours des véhicules camouflés et les Allemands s’installèrent dans les maisons pour passer la nuit du 2 au 3. Il y en avait partout, à plusieurs kilomètres à la ronde. Il pleuvait, le temps était bouché. Les Allemands avaient installé des postes de D.C.A. tout autour de Pont-de-Veyle. Il fut même tiré quelques salves. Y a-t-il eu réellement passage d’avions ? (Certaines personnes affirment en avoir entendu). Ce mauvais temps fut propice à Pont-de-Veyle. Que se serait-il passé par temps clair ? [6]
 ».

À Bourg-en-Bresse

À partir du 25 août, les Allemands imposent l’état de siège à Bourg et les rassemblements de plus de trois personnes sont interdits. Ils se positionnent route de Pont-d’Ain et sécurisent le quartier de la gare par des chevaux de frise et des postes renforcés. Plus un train ne circule.
Les Allemands attendent l’évacuation de Lyon par leurs troupes. Leurs quelques blindés passent par le centre-ville pour se préserver des attaques aériennes. Comme en Val-de-Saône, la population de la ville et des alentours redoute ces soldats, souvent coupés de leurs unités, qui recherchent la moindre bicyclette ou autre véhicule pour fuir, qui vivent de vols et commettent parfois des violences contre des civils, jusqu’aux viols ou meurtres.
Toutefois, la ville de Bourg n’est pas au cœur des diverses stratégies militaires, les Américains ne le souhaitant pas. Ils installent de l’artillerie sur les hauteurs de Revermont d’où ils effectuent quelques tirs sur la cité, détruisant une batterie allemande près de l’église de Brou. La Chambre de commerce, au centre-ville est atteinte, provoquant des victimes. Les F.F.I. sont aux aguets dans les alentours, prêts à intervenir. Ils guident les Américains et leur indiquent la position des Allemands. La tension est extrême, des habitants se réfugient dans la campagne des alentours.
Le maire de Péronnas s’est inquiété à propos des importants dépôts de munitions installés dans les forêts de Seillon et de La Réna. Leur destruction causerait d’énormes dégâts dans un large secteur, dans la ville et au-delà. Il a écrit aux autorités allemandes le 29 août 1944. Du château de la Bécassinière, le capitaine allemand lui a répondu verbalement qu’il ne pouvait désobéir aux ordres mais qu’il y aurait de nombreux "ratés" [7].
Dans la nuit du 3 au 4 septembre 1944, des explosions se produisent en forêt de Seillon en deux séries, d’abord à La Réna en soirée, puis à Seillon où elles cessent vers trois heures du matin. Peu après, une dernière explosion est entendue, celle qui endommage le Pont-de-Lyon à l’entrée de Bourg. Les Allemands se retirent alors nuitamment. Dans le quartier de Bel-Air, au Champ de foire ou au Champs de Mars, ils ont enterré à la hâte plusieurs des leurs, morts des suites des combats [8].

Premiers instants de liberté

Un calme étrange règne à l’aube du lundi 4 septembre. Les Allemands sont-ils tous partis ou des éléments restent-ils embusqués en quelques points ? Des groupes de résistants se hasardent en ville. Comme le Groupe Claude, basé à Saint-André-sur-Vieux-Jonc sous le commandement de Jean André, prévenu vers six heures du matin par Rolande Dubois (Loriot) que « les boches sont partis ». Au préalable, elle a fait une reconnaissance à bicyclette. Aussitôt un convoi se met en route par Corgenon, franchit prudemment le passage à niveau du Mail et redouble de prudence à l’approche de la préfecture. La Traction de tête s’arrête devant la grille, les autres véhicules se positionnent en léger retrait. Les hommes descendent des voitures, tout surpris d’être là, d’être libres après ces années noires. Ils sont parmi les premiers résistants à pénétrer dans la ville. Ils s’embrassent, d’autres personnes arrivent et le regroupement grossit peu à peu. Des drapeaux tricolores sont hissés sur la grille et des jeunes entonnent La Marseillaise. Bourg est libéré, la nouvelle se propage et tout Bourg descend dans les rues.

Une partie du "Groupe Claude" fêtera la Libération à Saint-André-sur-Vieux-Jonc.

En préfecture, le premier responsable arrivé s’emparera du poste de préfet et, donc, du pouvoir.
. Les Américains ? Ils cantonnent à Montagnat et ils négocieront avec le pouvoir en place, c’est à dire le préfet vichyste Delpeyrou, qui attend à son bureau. Comme ils l’ont fait précédemment à Alger. Ce serait une belle insulte à la Résistance !
. Le colonel Romans-Petit, chef des F.F.I. ? Certains milieux résistants lui ont fait part de cette éventualité.
. Les communistes ? Ils ont peu de poids à Bourg et n’ont aucune forte personnalité susceptible de rassembler au-delà du Parti.
Alors ? Conscients de l’enjeu et comme prévu, des hommes de l’ombre veillent, comme Eugène Vérel, contrôleur aux P.T.T. Lui et un camarade alertent Léon Blanchard, l’homme désigné par le Commissaire de la République, Yves Farge, homme de confiance du Gouvernement provisoire. Présent en Bresse, discrètement, depuis la mi-avril, Léon Blanchard doit se présenter en préfecture pour prendre ses fonctions.
Il met en place le Comité Départemental de Libération (C.D.L.), lui aussi ébauché dans la clandestinité depuis le printemps de 1944. Ce C.D.L. œuvre aussitôt sous la présidence d’Émile Bonnet, professeur honoraire à Saint-Étienne-du-Bois. Il n’a pas encore sa composition définitive mais il rassemble les différentes sensibilités. Le représentant du Front national, André Blanchard, et son épouse, Madeleine Blanchard, pour l’Union des femmes de France, deux organismes d’obédience communiste, sont arrivés de Lyon, la veille de la Libération. Comme le Conseil national de la Résistance, le Parti communiste a tissé sa toile dans la clandestinité.
À l’extérieur de la préfecture, la foule afflue dans les rues et fête allègrement les Américains, les libérateurs. Différents groupes F.F.I. arrivent en ville et vont se recueillir devant le monument aux morts. C’est la joie partout, dans les rues et aux terrasses de café. Les Américains impressionnent par leur équipement et, surtout, par les chewing-gum ou sachets de café soluble qu’ils distribuent à profusion. La fête se prolonge.

Le 4 septembre 1944, Marcelle Appleton, première résistante à Bourg, reçoit son brassard de F.F.I. en préfecture.
Le Pont-de-Lyon ayant été endommagé, il n’est franchissable qu’à pied et la population guide des soldats américains, dans la matinée du 4 septembre 1944.
Les Américains fêtés au bas du boulevard de Brou, pavoisé comme le reste de la ville.
Les Archives municipales ont collecté des photographies de la Libération de la ville, comme ici les Américains au passage à niveau du Mail. Ces photographies sont à voir sur le site des Archives municipales de Bourg-en-Bresse.

Victoire pour les uns, déprime pour les autres

La France se libère du joug allemand. La Résistance est née dès 1940, dans le sillage du général de Gaulle, mais beaucoup n’ont rejoint ses rangs qu’après le débarquement de Normandie. Tous, en ce 4 septembre 1944, sont du côté des vainqueurs. Certains le proclament haut et fort et s’en prennent à ceux qui ont été favorables à Vichy. Les premières victimes de cette "vengeance" sont les femmes qui ont pratiqué la "collaboration horizontale", selon l’expression vulgaire du moment, en ayant eu des relations amoureuses ou sexuelles avec des Allemands ou des partisans de Vichy. On leur tond les cheveux et on les fait défiler dans la rue. Ce triste spectacle a lieu à Bourg le mercredi 6 septembre mais les femmes, selon une photographie publiée par L’Éclaireur de l’Ain, n’ont pas été déshabillées, comme dans d’autres villes.

Cette photographie de presse semble faire apparaître un fait rarissime : au premier plan, un homme aurait aussi été "tondu".
Le nom du photographe a été masqué par la rédaction.

Le même jour, le Bureau de surveillance militaire (B.S.M.) constate aussi que « des arrestations nombreuses sont fréquemment effectuées dans la région de Bourg par des personnes isolées ou en groupe appartenant aux F.F.I. et aux mouvements de Résistance ». Il rappelle que la légalité doit être respectée et préconise : le désarmement de tous les hommes de moins de 18 ans ; l’interdiction de circuler en armes en ville, exception faite pour les patrouilles ; l’éloignement de Bourg des F.F.I. non indispensables au service de police ; le renvoi, en tenue civile, à leurs occupations régulières, de tous les groupes mis sur pied le 4 septembre ; des heures de couvre-feu moins sévères mais respectées. Le B.S.M. souhaite enfin qu’une liste des gens douteux à arrêter soit établie par les F.F.I.
Les premières incarcérations sont intervenues dès le 5 septembre. Les bilans font apparaître qu’au 22 septembre 1944, le nombre d’arrestations s’élève à 142 dont 32 femmes (22,5 %) à Bourg et, au 5 octobre 1944, à 367 pour l’ensemble du département. 32 détenus ont été remis en liberté et les poursuites pour des motifs économiques (marché noir, bénéfices illicites, ...) n’ont pas encore été engagées par manque de personnel [9].
Une note ultérieure du préfet, du 6 octobre 1944, précisera que « du fait du départ au Maquis d’inspecteurs non encore rentrés, des suspensions prononcées », les Renseignements généraux manquent de 35 commissaires ou inspecteurs (sur 114) et la Gendarmerie de 11 gradés et 104 gendarmes, sur un effectif théorique de 96 gradés et 459 gendarmes [10].

Des hommages sont rendus aux résistants morts dans les combats pour la liberté.

SECONDE PARTIE : APRÈS LA LIBÉRATION

Une vie quotidienne difficile

En ce mois de septembre 1944, les Comités locaux de libération (C.L.L.), se mettent progressivement en place. Celui de Bourg est installé le 8 septembre sous la présidence d’Amédée Mercier, greffier. Cette assemblée, qui se substitue au Conseil municipal, se met au travail dès le lendemain.
Le ravitaillement est le souci principal du moment. Beaucoup de produits manquent, même ceux de première nécessité comme l’huile, le savon ou le chocolat, souvent par le manque de communications. En effet, « toutes les voies de chemin de fer ont été détruites, soit par les organismes de Résistance, soit par les Allemands. Ces derniers ont fait, lors de leur fuite, des prélèvements massifs sur les véhicules automobiles de toutes sortes, en portant cependant de préférence leur dévolu sur les voitures utilitaires. De sorte que, présentement, le département ne dispose pratiquement plus de camions susceptibles d’être utilisés pour le ravitaillement ».
En ce qui concerne l’habillement, « il convient de signaler l’absence totale de chaussures en cuir pour les enfants et les grandes personnes ». Pendant cette période difficile, l’Ain a accueilli 11 246 réfugiés de départements du Nord et du Midi de la France, du Rhône et de la Seine, dont six cents enfants répartis dans sept centres scolaires [11].

La composition du C.D.L. sera modifiée en décembre après des débats concernant la représentation des communistes et du monde paysan.

Romans, chef de F.F.I., aux arrêts

Dès le 4 septembre 1944, le colonel Romans [12], le chef des F.F.I. de l’Ain est invité à se rendre à Londres où il est reçu avec tous les égards. À son retour, le 18 septembre, il est arrêté et mis aux arrêts de forteresse au fort Lamothe à Lyon.
Pour quelles raisons ? L’affaire est complexe et la genèse du conflit est évoquée lors de la séance du C.D.L. du 27 novembre 1944 [13] : « une bonne collaboration s’était établie jusqu’en juin 1944 où Alban [14] a tout bouleversé en prenant partie pour Romans : jamais Alban n’est venu à une réunion du C.D.L. pour tenter de nous mettre d’accord avec Romans. Celui-ci a tout fait pour diviser le C.D.L., il s’est ensuite servi d’Alban lorsqu’il s’est aperçu que nous étions tous d’accord. (...) En juillet 1944, à Nantua, Alban prétendait que le C.D.L n’était pas homologué et il tentait, comme Romans en juin, d’en former un nouveau. Or, le C.D.L. avait été homologué par un délégué du C.N.R. [Conseil National de la Résistance] le 18 avril 1944. ».
Le 3 août 1944, le Commissaire de la République [15], Grégoire [Yves Farge], rencontre Romans à Giron (Ain) et l’entrevue est glaciale. Grégoire reproche à Romans d’avoir cumulé les pouvoirs civils et militaires, de s’être attribué le titre de Délégué départemental du Gouvernement Provisoire de la République et d’avoir exposé les populations à des représailles allemandes, les 13 et 14 juillet [16]. Romans ne portait pas dans son cœur les civils, même ceux de la Résistance, qu’il qualifiait volontiers de "politiciens". Toutes ces péripéties se sont déroulées au temps de la clandestinité où les communications et les déplacements exposaient encore davantage les résistants aux risques d’être interceptés ou dénoncés. Yves Farge a été résistant dès 1941 à Lyon et tout Commissaire de la République devait être un résistant incontestable.

La formule, vu les pouvoirs civils et militaires qui nous sont conférés, figure dans l’introduction de cet arrêté publié par le Commandant Romans.

Le préfet de l’Ain Léon Blanchard a évoqué sa position, envers Romans-Petit, dans un courrier au même Commissaire de la République, le 5 octobre 1944 [17] : « je m’abstiendrai de porter un jugement sur l’activité militaire de cet officier dont vous avez déjà fait un examen critique dans un rapport du début d’août 1944, transmis au C.N.R. et à la Délégation du Gouvernement provisoire à Paris. (...)
Le général de Gaulle, à son passage à Lyon[14 septembre 1944], saisi par vous, donne l’ordre au général de Lattre de Tassigny d’arrêter et de mettre aux arrêts de forteresse le lieutenant-colonel Romans et le colonel Xavier [18]. Vous savez comment l’autorité militaire tardant à exécuter cet ordre, nous fûmes conduits à le faire exécuter nous-mêmes par le lieutenant-colonel Carré
 ».
Comme Romans continue à correspondre avec ses amis civils et militaires, le préfet demande : « pour couper court à toutes ses manœuvres, il est indispensable que cet officier soit définitivement et effectivement éloigné de l’Ain et ne puisse avoir aucune relation avec ce département ». Toutefois , la détention de Romans heurte ses partisans et la sympathie dont il bénéficie dans certains milieux F.F.I. « s’est manifestée par la diffusion de tracts et l’apposition d’affiches les 13 et 14 octobre [19]. ».
En définitive, il a bien une "affaire Romans" ou une "question Romans", selon les expressions du C.D.L. D’après les témoignages recueillis par la résistante Marcelle Appleton après-guerre, le Secteur Bresse de la Résistance contestait l’autorité de Romans, jugé comme ayant « un caractère de cochon ». Des démarches ont été entreprises pour le remplacer par le général Bousquet [20], futur commandant de la Subdivision militaire de l’Ain à la Libération.
L’affaire Romans "empoisonnera" d’ailleurs tout l’après-guerre. Elle rebondira le 12 juin 1945 lorsque le C.D.L. votera une motion déclarant que « M. Romans est "indésirable" dans l’Ain ». Romans s’en émeut et les parties s’expliqueront lors de la séance du C.D.L. du 16 août 1945 qui fera l’objet d’un compte rendu officiel de plus de 40 pages.

Le président du C.D.L. Émile Bonnet (1) et le préfet Léon Blanchard (2).

Occuper une place

Dès la Libération acquise, chaque composante de la Résistance cherche à s’affirmer au sein du nouvel ordre qui se met en place. « Dès les premiers jours de la Libération, le Front national et le Comité des Femmes de France ont occupé, en pleine ville de Bourg, avenue Alsace-Lorraine, le local réservé à l’ex-office de placement allemand. Le dimanche 10 septembre, de nombreuses inscriptions au Comité des Femmes de France étaient reçues et enregistrées l’après-midi à une table placée sur le trottoir même.
Le Mouvement de Libération National a son siège dans un quartier plus excentré ; il a manifesté son activité brillamment par une réunion publique tenue le dimanche 8 octobre au théâtre municipal de Bourg où 600 auditeurs étaient présents. Les Forces Unies de la Jeunesse ont recruté par voie d’affiches et distribué, dès la mi-septembre, des brochures de propagande.
Le Comité Départemental de Libération de l’Ain [C.D.L.], présidé par un ancien professeur, M. Bonnet Émile, de Saint-Étienne-du-Bois, et vice-présidé par M. le Docteur Ber, secrétaire général du Parti communiste de l’Ain [P.C.], comprend des représentants des divers mouvements de résistance et partis politiques et groupements syndicaux (C.G.T. et C.F.T.C.). Une séance quasi-quotidienne a lieu tous les matins [21]
 ».

Madeleine Blanchard, arrivée de Lyon, est une ardente propagandiste de l’Union des Femmes de France (U.F.F.).

La vie politique

« Dès les premiers jours de la Libération, le Parti communiste a repris, dans l’Ain, une activité qui n’a jamais été aussi intense. Par des diffusions de tracts et des distributions de bulletins d’adhésion, il a augmenté encore ses effectifs. Deux locaux, très en vue, place de l’Hôtel-de-Ville et rue Gambetta à Bourg ont été affectés, l’un au P.C., l’autre aux Jeunesses communistes. Une réunion communiste a eu lieu à Bourg le 4 octobre, groupant 700 personnes. D’autres réunions se sont tenues dans le département. Le dimanche 8 octobre à Bourg, une réunion des Jeunesses communistes n’a pu grouper qu’une vingtaine de jeunes gens et jeunes filles, en l’absence des 300 F.T.P. [Francs-tireurs et partisans] attendus. Un hebdomadaire, "L’Éclaireur de l’Ain", est édité à Bourg ; son rédacteur en chef est M. Ducret.
Le Parti communiste est surtout en faveur à Oyonnax et Bellegarde. Dès la libération temporaire d’Oyonnax, en juin 1944, une municipalité communiste s’était constituée dans cette ville. Il semble, au contraire, qu’à Bourg, le Parti communiste ne jouisse plus de la faveur que la place spectaculaire occupée par ses locaux paraîtrait traduire.
Le secrétaire général du Parti communiste est le docteur Ber, vice-président du C.D.L. Le président du bureau départemental est M. Mermet-Goyennet, maire d’Oyonnax. M. Nicod, député-maire d’Oyonnax, ancien détenu et interné politique, a été exclu du Parti pour son attitude en 1939 [22] et pour avoir été président du groupe parlementaire ouvrier et paysan.
Le Parti socialiste a lancé un appel à ses militants, à la date du 15 septembre, les invitant à abandonner les méthodes de la clandestinité et à se regrouper au grand jour. Le parti S.F.I.O. est représenté au C.D.L. par M. Mornay [23]
 ».

Ce tableau est provisoire car toutes les inhumations clandestines n’ont pas encore été relevées.

Les forces armées de la Résistance

« L’effectif du corps de troupes chargé de veiller actuellement à la sécurité de la ville de Bourg est compris entre 700 et 800 hommes. La majeure partie se trouve cantonnée à la Caserne Brouet où elle est à l’instruction. Les soldats sont employés à effectuer des services de garde devant divers bâtiments de la ville, notamment les casernes, le magasin des subsistances, la préfecture. Un certain contingent serait toutefois appelé à être démobilisé prochainement.
Il est difficile d’évaluer le nombre des F.F.I. se trouvant dans le département, ce dernier étant très vaste et les groupes, dispersés.
Environ 800 F.F.I., dont un groupe stationné à Viriat, ont quitté Bourg le 3 octobre pour la Maurienne et, de là, vont être dirigés sur le front d’Italie.
Le bureau de la Sécurité publique de Bourg reçoit journellement les déclarations de personnes ayant été l’objet de réquisitions par les F.F.I. avant la Libération. Réquisitions faites sur présentation d’une simple feuille manuscrite et que les intéressés désirent faire régulariser afin d’être plus assurés d’une indemnité. Depuis la Libération, les réquisitions se font légalement et ne sont contestées par personne.
Huit perquisitions effectuées légalement par les F.F.I. ont été enregistrées, la dernière du 27 septembre.
Dans la ville de Bourg, pas plus d’ailleurs qu’en une quelconque région du département, les rapports des différentes organisations des F.F.I. avec les pouvoirs publics n’ont pas donné lieu à frictions. Un accord assez grand règne au contraire entre l’Administration et les Forces armées qui ont su formuler des demandes raisonnées et acceptables [24]
 ».

Les groupes F.F.I. défilent à Bourg jusqu’au monument aux morts où ils honorent leurs compagnons tués ; ici la "Compagnie Groboz", selon l’inscription au dos.

Répression de la collaboration

« Les cadres des diverses administrations publiques ont fait l’objet d’une épuration assez sévère : le Préfet de l’Ain, le Secrétaire général de la préfecture, le chef du Cabinet du préfet, l’Inspecteur d’académie, les directeurs de l’Enregistrement des domaines et du timbre, du Ravitaillement général. La Police, la Justice et le Barreau ont été également soumis à ces mesures.
Sur 233 mandats d’écrou que détient le service de la Sécurité publique de Bourg, 192 personnes seulement avaient été arrêtées par la gendarmerie ou les F.F.I. au lendemain de la Libération. Une trentaine d’internés ont été libérés dernièrement, étant parvenus à se mettre hors de cause dans une importante affaire d’intelligence avec l’ennemi.
Il reste donc actuellement, à Bourg, tant à la Maison d’arrêt qu’à la Caserne Auby, 167 internés. À Belley, 27 mandats d’écrou ont été décernés. (…) À Nantua, 102 personnes sont internées, dont 4 hospitalisées. À Trévoux, 125 personnes sont internées : 98 hommes, 23 femmes et 4 enfants en bas âge.
D’autre part, un camp d’internement est actuellement en voie de formation à proximité de Saint-Martin-du-Fresne (Ain). (…)
La Cour martiale n’a tenu qu’une seule séance, le 22 septembre, au cours de laquelle elle a jugé 4 affaires, les seules qui aient été entièrement liquidées jusqu’à ce jour. La Cour martiale ayant été supprimée le 6 octobre, les quelque trois cents dossiers déposés au Parquet, et dont certains ne contiennent que de vagues suspicions, sont restés à l’étude.
Les choses vont avec lenteur du fait qu’un nombre tout à fait restreint d’enquêteurs ont été mis à la disposition de la Justice. La majeure partie des enquêtes doivent être effectuées par la Gendarmerie [25]
 ».
La Cour de justice, mise en place à la mi-novembre, traite ses premiers dossiers. Elle prononce alors une peine à des travaux forcés à perpétuité pour un homme qui a dénoncé deux résistants et une peine à quinze ans de travaux forcés pour une femme qui a dénoncé son mari aux Allemands Ceux-ci ont fusillé le mari. Les autres prévenus sont condamnés à des peines de prison, des amendes et à dix ans d’indignité nationale.
Au 20 décembre, tant à la prison qu’à la Caserne Aubry, Bourg retient 171 personnes : 125 hommes et 46 femmes ; celles-ci sont essentiellement soupçonnées de fréquentations ou de relations avec les Allemands.

La Cour de justice a été mise en place le 16 novembre 1944.
Aucun dossier d’épuration n’est "tout noir" ou "tout blanc".

TROISIÈME PARTIE : UNE NOUVELLE SITUATION

Presse et radio

« La presse imprimée, actuellement dans le département de l’Ain, comprend un quotidien, "La République Nouvelle", organe du C.D.L., paraissant à Bourg vers 16 heures ; cinq hebdomadaires : "L’Éclaireur de l’Ain", organe communiste, imprimé à Bourg ; "La Voix Chrétienne" qui diffuse aussi sous des titres "Le Bressan" et "L’Écho du Bugey" qui comporte le même texte sous ces appellations diverses ; "Le Coq Bugiste", organe de la Démocratie de l’Ain qui remplace, à Belley, l’hebdomadaire milicien "Le Bugiste" ; "Le Journal de Trévoux" ; "Le Réveil Patriotique" qui vient de paraître à Bellegarde.
Mis à part "La République Nouvelle" qui présente régulièrement des éditoriaux neufs et dynamiques et "L’Éclaireur de l’Ain", abondant et varié, tous ces journaux ont une figure relativement pâle et paraissent prendre de plus en plus, "Le Coq Bugiste" lui-même, un caractère local. Quant à "La Voix Chrétienne", elle est aussi très modérée et peu d’articles originaux y paraissent. Notons que la presse de l’Ain, sous le régime précédent, exception faite du "Bugiste", était assez insignifiante.
Depuis que la région est libérée, la radio est beaucoup moins écoutée. Les postes français sont difficiles "à prendre". Le discours du général de Gaulle de samedi n’a pu être entendu en beaucoup d’endroits qu’avec de grandes difficultés. Limoges serait plus audible à certaines heures du soir.
La radio anglaise, dont on dit avoir mesuré les exagérations lors de l’avance alliée en France, subit un mouvement de défaveur au profit de la radio américaine, estimée plus objective.
La radio suisse est toujours écoutée avec la même attention et M. René Payot conserve son autorité [26] »
.

Une reprise économique

Les intempéries de l’automne 1944 perturbent le secteur du bâtiment et des travaux publics où, dans la plupart des grosses entreprises, le travail hebdomadaire est de 45 ou 48 heures. Il est de 54 heures au barrage de Génissiat où œuvrent 970 ouvriers sur les 1 297 inscrits.
À Bourg, le nombre d’ouvriers à la Tréfilerie-Câblerie s’est accru de 521 à 621, pour 44 heures hebdomadaires. Les équipes triplantes ont été rétablies pour une production en continu. La Société d’électro-chimie (ex-Morgon) atteint les 100 % de sa productivité et emploie ses ouvriers 48 heures par semaine.
L’établissement des soieries de Jujurieux regroupe actuellement 180 ouvriers travaillant 40 heures par semaine ; sa production ne dépasse pas le niveau de 70 %. Les Filatures Schappe emploient 750 ouvriers à Saint-Rambert-en-Bugey et 860 à Tenay.
Les matières plastiques d’Oyonnax manquent de combustibles et la température devient très vite intenable dans les ateliers. L’entreprise Interjectaplastic emploie 97 ouvriers et la fabrique Convert de celluloïd compte 97 ouvriers, travaillant 40 heures.
La papeterie Darblay à Bellegarde souffre de la pénurie de transports et n’a rien produit en septembre et octobre. Depuis novembre, sa production s’élève jusqu’à un niveau de 20 à 25 % avec 25 ouvriers contre 209 avant la Libération.
L’usine de carbonisation et charbons actifs de Vaux-en-Bugey utilise 130 ouvriers pour une productivité de 65 %. Elle est handicapée par une insuffisance de bûcherons et de transports. Ses matières premières viennent de loin (terre brute du Gard et de Dordogne, silice de la Nièvre) [27].

Milices patriotiques

Au cours de l’année 1944, le Parti communiste avait institué des Milices patriotiques dans certains départements pour traquer les collaborateurs. La Libération obtenue, le P.C. milite pour que ce concept soit repris partout. Le Commissaire de la République de Lyon prend un arrêté le 8 septembre 1944 pour les instituer dans les départements de sa juridiction. Avec des éléments sans formation de base, elles restent un dilemme pour le pouvoir : « Les Milices patriotiques, transformées ensuite en Gardes Civiques Républicaines devaient constituer une force supplétive de police ne relevant que du directeur des Services régionaux de police et des préfets. Pour chaque homme était prévu un armement composé d’un fusil et d’un révolver individuels ».
Avec un effectif prévu de 240 pour l’Ain par le recrutement de résistants, des groupes ont été constitués à Bourg, La Cluse, Gex ou pour garder les prisonniers allemands du camp de Thol, près de Neuville-sur-Ain. Tous ces groupes sont dissous au 15 janvier 1945 dans l’Ain.
En effet, comme ces forces supplétives se livraient, « dans certains départements à de multiples abus », le Gouvernement a préféré appliquer « un programme de recrutement, de rééquipement et de réarmement de la police de l’État. (...) Seule la police régulière de l’État a le droit d’exercer des pouvoirs de police et notamment le droit d’arrestation, de perquisition, de répression du marché noir, etc [28] ».
Ces Milices patriotiques ont été utilisées à Bourg pour des rondes de nuit à un moment où quelques bombes visaient encore d’anciens collaborateurs. Le pouvoir redoutait aussi la Cinquième colonne, qui agissait clandestinement. « Tout porte à croire qu’il s’agit de patrouilles de miliciens accompagnés d’Allemands isolés, qui ont été regroupés par la milice grâce à leur organisation secrète [29] ».

Des Milices patriotiques (M.P.) chargées de la garde du centre de rétention de la Bécassinière à Péronnas, installé sur le site de l’ancien camp allemand. Les M.P. ont été recrutées parmi les ex-résistants.

Les armes détenues par les Gardes civiques ont été collectées durant les semaines qui ont suivi la dissolution de cette organisation, le 15 janvier 1945 dans l’Ain.

François Mitterrand à Bourg

Une œuvre d’assistance se met progressivement en place et le service social des prisonniers et déportés a pu répartir une tonne de pommes de terre aux familles. Des délégués cantonaux sont élus et rassemblés à Bourg le 17 novembre. Le Livret du prisonnier a été institué pour offrir un compte à chaque prisonnier. Ce dispositif a été ensuite étendu aux déportés. Pour ceux-ci, des comités locaux se créent et le bureau départemental est placé sous la présidence d’honneur de Paul Pioda, le symbole de la Résistance à Bourg.
« La ʺMaison du prisonnierʺ poursuit ses efforts en faveur du ʺLivretʺ. Des sommes importantes sont fréquemment recueillies à l’occasion des fêtes et réunions diverses. Il semble que la ʺMaison du prisonnierʺ ait ainsi créé une habitude heureuse et fait passer dans les mœurs ces quêtes fréquentes qui ne peuvent qu’augmenter rapidement les sommes déjà amenées sur chaque nom [30] ».
François Mitterrand, un résistant rallié au général de Gaulle à l’automne 1943, désormais président du Comité directeur du mouvement du Prisonnier de guerre et déportés, vient à Bourg le 10 décembre 1944 pour une conférence. Il aborde le problème de transport que posera le retour massif des prisonniers et déportés.
Plus tard, après avoir mis de Gaulle en ballotage lors de l’élection présidentielle de 1965, François Mitterrand sera le président de la République de 1981 à 1995.

La première venue à Bourg d’un futur président de la République.
Pour se reconstruire, la France fait appel à l’épargne des Français, comme en d’autres moments de son histoire.

Rémi Riche.

Mai 2024.
Et les Chroniques de Bresse.

[1A.D. Ain. 180W234.

[2Elle revendique mille personnes alors que les R.G. ont évalué la participation à six cents.

[3Citations extraites des rapports n° 3 186 et 3 302 des R.G. des 1er et 16 août 1944. A.D. Ain. 180W234.

[4Rapport du maire Georges Convert le 8 septembre 1944. A.D. Ain. 180W234.

[5Rapport d’août 1946. A.D. Ain. 180W319. Ce rapport nous apprend que, durant la guerre, la commune a été le refuge pour 8 Juifs cachés sous de fausses identités.

[6Rapport de M. Desmaris, conseiller municipal. 1946. 180W319.

[7Lettre insérée dans Péronnas 1939-45, ouvrage publié par Péronnas Animation et Culture en mai 1995.

[8A.M. Bourg. H 135.

[9A.D. Ain. 180W 607, 318 et 170.

[10A.D. Ain. 180W898.

[11Extraits d’un rapport du 4 octobre 1944. A.D. Ain. 180W698.

[12Après-guerre, il accolera ce nom de guerre à son patronyme et deviendra "Romans-Petit".

[13A.D. Ain. 180W124.

[14Auguste Vistel, chef régional des M.U.R. (Mouvements Unis de la Résistance) et chef régional des F.F.I.

[15L’équivalent d’un préfet de Région.

[16Après l’entrevue, Grégoire renouvelle ses reproches à Romans par écrit. Une copie de la lettre est publiée en annexe, dans l’ouvrage de Patrick Veyret, Histoire de la Résistance armée dans l’Ain. Éditions La Taillanderie. 1999 . Le titre de "Délégué départemental" apparaît dans un Appel à la population, reproduit dans L’Ain dans la guerre d’Yves Martin. Horvath. 1989.

[17A.D. Ain. 118J1.

[18Richard Heslop, agent secret britannique du Special Operations Executive (S.O.E.).

[19Rapport des R.G. du 19 octobre 1944. A.D. Ain. 180W336

[20A.D. Ain. 180W592.

[21Rapport des R.G. du 19 octobre 1944. A.D. Ain. 180W336.

[22Il avait dénoncé le pacte germano-soviétique, rompant avec la ligne officielle.

[23Rapport des R.G. du 19 octobre 1944. A.D. Ain. 180W336.

[24Rapport des R.G. du 19 octobre 1944. A.D. Ain. 180W336.

[25Rapport du 19 octobre. A.D. Ain. 180W336.

[26Rapport des R.G. du 19 octobre 1944. A.D. Ain. 180W336.

[27Enquête des R.G. du 7 décembre 1944. A.D. Ain. 180W336.

[28Citations extraites du dossier 180W313. A.D. Ain.

[29Affaire évoquée au C.D.L. du 29 septembre 1944. A.D. Ain. 180W124.

[30Rapport des R.G. du 20 décembre 1944. A.D. Ain. 180W336.

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