La guerre de 1870 en Bresse

Durant cette guerre, aucun affrontement ne se déroule en Bresse mais les combats y ont des répercussions. Déjà, l’Hôtel-Dieu de Bourg-en-Bresse accueille de nombreux blessés. Et des formations sanitaires sont aménagées au Pensionnat Saint-Joseph, au Séminaire de Brou ou encore aux Incurables (Bon Pasteur). Cet élan patriotique entraîne un accroissement de la mortalité. Du 1er janvier et le 6 avril 1871, 414 décès sont enregistrés, dont 171 habitants de la commune et 243 des hospices ou ambulances, contre 162 décès pour la même période de 1870 (89 de la commune et 73 des hospices).

Une épidémie de variole sévit à Bourg-en-Bresse et le jeune interne de 19 ans, Armand Méritan, décède le 2 décembre 1870 au contact des malades de l’Hôtel-Dieu. Et Angèle Hugueniot, sœur Adèle en religion, supérieure de l’Asile des femmes incurables, est victime, à 50 ans, de son dévouement dans l’hôpital militaire aménagé à côté de son établissement.

La tombe familiale Méritan est encore présente au cimetière de Bourg-en-Bresse. Armand est inscrit sur la face Est. La colonne brisée symbolise la jeunesse brutalement interrompue par la mort.

Durant cette guerre franco-prussienne, le rôle des femmes a été partout souligné. À Bourg, elles sont présentes à l’"ambulance", créée en gare de Bourg pour prêter assistance aux blessés militaires de passage. Le service est assuré par des "Dames" qui « font preuve d’un dévouement infatigable. Elles passent à la gare la plus grande partie du jour ; plusieurs s’y rendent dès la matin, à cinq heures et demie, et souvent, à minuit et plus, elles sont encore à l’ambulance, attendant l’arrivée du dernier train [1] ». Une ambulance est un poste de secours et d’assistance. Cet engagement volontaire préfigure la création, en 1893, la "Société de Secours aux Blessés Militaires" ; une des trois composantes de la Croix Rouge française.

Des bovins sacrifiés

Les humains ne sont pas les seules victimes. Les bovins de Bresse sont atteints de la peste bovine lorsqu’un troupeau de l’armée est évacué du Jura. La peste est d’abord détectée au hameau de Vial à Polliat, où un troupeau de l’Armée de l’Est est arrivé le 8 février 1871. Comme ce troupeau est déplacé à Saint-Étienne-du-Bois et Villemotier, d’autres bovins sont contaminés. L’épidémie est rapidement prise en considération par le vétérinaire départemental, M. Bianchi, assisté de deux collègues militaires. Des mesures sont édictées pour éviter la propagation. Des foires sont supprimées puis un arrêté préfectoral du 9 mars étend l’interdiction à l’ensemble du département.

Les vétérinaires imposent l’abattage des animaux malades ou suspects. À la mi-mars, 220 bovins ont déjà été abattus à Polliat, 10 à Villemotier, 8 à Saint-Étienne-du-Bois, 45 à Malafretaz, Montrevel et Jayat, 4 à Béréziat, 12 à Mézériat ou encore 57 à Vonnas. L’épidémie régresse alors et les foires sont autorisées à partir du 6 avril dans les arrondissements de Belley, Gex et Nantua, puis sur l’ensemble du département à partir du 14 avril 1871.

Passage de troupes

Après la capitulation de l’armée française à Paris le 26 janvier 1871, un traité préliminaire de paix, entre la France et la Prusse, est signé le 26 février. À partir du 18 mars, Paris se soulève ; c’est "la Commune".
Fin mars, Bourg reçoit le 45e de ligne en garnison. Ensuite, la ville et la Bresse voient défiler des troupes :

  • 25 mars : 565 hommes et 1 220 chevaux.
  • 26 mars : 485 hommes et 1 093 chevaux.
  • 27 mars : 22 officiers et 1 014 hommes.
  • 28 mars : 29 officiers et 832 hommes.
  • 29 mars : 29 officiers et 900 hommes.
  • 30 mars : 5 officiers et 154 hommes.
  • 31 mars : 23 officiers et 758 hommes [2].

[1Courrier de l’Ain du 5 janvier 1871. Aucun patronyme n’est cité.

[2Courrier de l’Ain] du 25 mars 1871.

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