Le jour où Paris a découvert la volaille de Bresse...

Décembre voit les traditionnels concours de volailles grasses. Si le premier concours est organisé à Bourg-en-Bresse le 23 décembre 1862, la volaille de Bresse conquiert Paris deux ans plus tard, grâce à Léopold Le Hon. Elle s’impose alors face à la volaille de la Sarthe.

Aujourd’hui, nous dirions que le député Léopold Le Hon a réussi un formidable "coup de pub" les 20 et 21 décembre 1864. Très proche du pouvoir impérial, il fait déjà inscrire les volailles dans le "grand" concours agricole de Poissy, en 1863, puis il obtient qu’un concours spécifique aux volailles soit organisé au Palais de l’industrie de Paris.
Là, il ne ménage pas ses efforts pour avoir tous les atouts en main en s’assurant les présidences de l’organisation et du jury. Ensuite, il convainc les Bressans de se rendre massivement à Paris, en finançant leur voyage. Ils se déplacent par le train, arrivé à Bourg depuis le 23 juin 1856, mais il faut douze heures pour atteindre la capitale, avec une correspondance à Mâcon. Cela représente sans doute une "expédition" pour des Bressans peu habitués à fréquenter Paris et son agitation permanente [1] ! Où ont-ils été hébergés ? Dommage qu’aucun témoignage ne nous soit resté !
Le concours parisien rassemble des éléveurs de vingt-deux départements mais les Bressans forment le plus gros contingent en présentant 151 lots sur les 506 et 626 pièces sur les 2 087. Selon les traditions agricoles du moment, les prix sont attribués selon les races reconnues mais un Prix d’honneur est accordé sur l’ensemble du concours. Le jury délibère longuement puis, impartialement, décerne ce prix, par six voix contre cinq, à un lot de poulardes de Claude-Joseph Gergondet, du hameau de Lucinges à Treffort.
La Bresse a gagné ! Et ses volailles font l’admiration des Parisiens, presse et public, surtout dans la manière de les trousser (préparer). Les admirer avant de les déguster !
Qu’importe si les Sarthois, instruits par l’expérience, prennent leur revanche un an plus tard, Léopold Le Hon et la Bresse ont créé l’événement et les éleveurs bressans ont su, ensuite, par la qualité de leurs volailles, capitaliser sur ce coup médiatique fort réussi. Les volailles de la Sarthe ne sont plus les seules volailles à être massivement dégustées à Paris.
Châpeau ! Monsieur le Comte Le Hon !
La Bresse vous est redevable...

La Bresse a su joliment mettre en valeur ses volailles au Palais de l’industrie à Paris.
Parachuté à Bourg, perçu comme trop hautain, Léopold Le Hon (1832-1879) a néanmoins beaucoup œuvré pour le département de l’Ain. Photographie parue dans Visages de l’Ain n°93-1967.

Une des plus anciennes photographies d’un train à Bourg, en 1898.
Une des plus anciennes photographies d’un concours à Bourg, pulbliée par le Syndicat d’initiative, en 1912.

[1Le Métropolitain n’a pas encore été créé.

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