Un voyage en Algérie en 1901

Voici 60 ans, les "Accords d’Évian" mettaient fin à la "Guerre d’Algérie", après plus de cent trente années d’occupation. En avril 1901, une délégation d’institutrices (10) et d’instituteurs (34) de l’Ain visitait le pays.

Alger, Constantine, Biskra, Philippeville.
2-14 avril 1901.
Tel est l’intitulé d’un album personnel, abondamment illustré, rédigé par l’historien Eugène Dubois (1871-1952), à l’issue d’un voyage effectué par des institutrices et instituteurs de l’Ain, sur une initiative de M. Gobin, inspecteur primaire à Nantua.
Trois ans plus tard, Eugène Dubois publie son "reportage" dans le Courrier de l’Ain sous le titre Huit jours en Algérie que vous pouvez retrouver dans une annexe que nous avons composée. Les dates ne sont pas celles de l’album personnel mais le texte est identique.
Eugène Dubois écrit un texte érudit sur l’histoire et les beautés naturelles de l’Algérie. Il n’est pas dupe des "spectacles" proposés aux touristes.
Outre les villes, le groupe visite de grandes fermes de colons et des institutions françaises. Il loge au lycée d’Alger puis à Constantine. Eugène Dubois a un regard assez condescendant envers les autochtones mais lui-même est un "produit" d’une Troisième République persuadée des "bienfaits de la colonisation". On peut regretter qu’il n’évoque pas de contact avec des instituteurs, ou institutrices, envoyés de la métropole.
Cette excusion avait été précédée d’un premier voyage d’étude en 1899, avec 32 participants, « pour leur permettre d’étudier l’Algérie et de la recommander ensuite à leurs élèves, que solliciterait la vocation coloniale », selon l’un d’eux, Jean Corcelle [1].
Il est à noter qu’un bureau, Colonisation de l’Algérie a été créé en préfecture de l’Ain à partir de 1859 et le député de l’Ain, Léolpold Le Hon (1832-1879) avait été à la tête de la délégation, au printemps 1868, pour une enquête agricole en Algérie, voulue par Napoléon III, qui avait écrit, dans une lettre du 6 février 1863, que « l’Algérie n’est pas une colonie proprement dite mais un royaume arabe [avec] l’égalité parfaite entre les indigènes et les Européens ». Cette intention avait soulevé la colère des colons, comme d’autres initiatives, ensuite.

Le groupe photographié à Alger. Remarquer les toilettes très ʺBelle Époqueʺ. Eugène Dubois est repéré (X).
Sur le bateau ʺGénéral Chanzyʺ sur les 720 km entre Marseille et Alger.
Sur la place du Gouvernement, la Grande Mosquée, à Alger.
Le marché de ʺMaison carréeʺ, à 12 km d’Alger. « Pittoresque en effet ce vaste champ de foire où grouillent les Kabyles et les Arabes, descendus des Hauts-Plateaux, avec leurs immenses troupeaux de moutons, réunis par le cou, en rangs serrés. C’est le marché d’approvisionnement d’Alger. »
La Caravane dans un ficus, « au Jardin d’essai du Hamma, une des plus grandes curiosités des environs d’Alger ».
Groupe d’institutrices sur les ruines des fortifications.
« Repas pantagruélique à Boufarik », après la visite du domaine agricole « d’un richissime propriétaire ».
Cueillette de coquillages sur la plage de Guyotville, « l’endroit le plus charmant ; c’est non loin de là que les Français débarquèrent pour la première fois en 1830 ».
Sans légende. Photographie insérée pour la journée du 8 avril 1901, consacrée au trajet ferroviaire d’Alger à Constantine.
« Nous pénétrons dans un singulier couloir (…) où les roches creusées, usées, percées, ne laissent que, par instants, voir les eaux jaunes du Rhumel ».
À Biskra.
11 avril 1901 : « Nous voyons arriver notre guide flanqué de deux chameaux, que nous lui avions commandés, pour nous rendre dignement au Vieux-Biskra, but de notre excursion. »
Le périple de la ʺCaravane des instituteursʺ.

Rémi Riche
N.B. : Album photographié, à main levée, chez M.Gérard Farenc (†), à l’Effondras (Confrançon) en 2012.
Remerciements aussi à Lucien Ducolomb (Culoz).

Document à télécharger

[1Courrier de l’Ain du 21 avril 1899.

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