Le débarquement du 6 juin 1944 vécu à Bourg, en Bresse et Revermont
Le débarquement du 6 juin 1944 a été un élément déterminant pour la victoire des Alliés contre l’Allemagne. Comment la période a-t-elle été vécue en Bresse et dans les environs ? Cette chronique en donne quelques indications.
PREMIÈRE PARTIE : DÉJÀ PLUS DE TROIS ANS DE GUERRE
Le refus de la défaite
Sur le front ouest, la guerre a véritablement commencé avec l’attaque fulgurante des Allemands à partir du 10 mai 1940. Ces Allemands traversent Bourg dès le 19 juin 1940. Peu après, les combats cessent avec l’armistice demandé par Philippe Pétain. La France est ensuite divisée en plusieurs zones et la majeure partie du département de l’Ain est en zone non occupée ou zone libre. Déjà, le général de Gaulle a lancé, à la radio anglaise, son "appel du 18 juin" à poursuivre le combat et il a créé le mouvement France libre. Les Bressans l’ont-ils entendu directement, ou indirectement par la radio suisse plus facile à capter par sa proximité ?
L’Ain est en grande partie dans la zone libre mais le refus de la défaite y est bien présent et un premier tract clandestin, rappelant la devise républicaine, est découvert dès le 6 septembre 1940, rue Gabriel Vicaire à Bourg. Ensuite, la Résistance se développe et les trois grands mouvements de la zone libre sont actifs dans l’Ain : Combat par le général Delestraint et ses contacts ; Libération par Paul Pioda et, un peu plus tard, Franc-Tireur [1].
À Londres, le général de Gaulle poursuit son œuvre et l’ancien préfet Jean Moulin est son délégué. À l’automne 1942, le commandement de l’Armée secrète est confié au général Charles Delestraint et, le 26 janvier 1943, les mouvements de la zone libre se fédèrent en Mouvements unis de la Résistance (M.U.R.). En parallèle à la Résistance française, depuis juillet 1940, œuvre le Special Operations Executive (S.O.E.), ou Service des Opérations Spéciales, créé par Winston Churchill pour collecter des renseignements en France et dans les pays alliés.
Débarquement en Afrique du Nord
Au débarquement des Alliés en Afrique du Nord le 8 novembre 1942, les Allemands répondent par le franchissement de la Ligne de démarcation, le 11 novembre, pour s’installer sur les côtes méditerranéennes. À Toulon, la flotte française se saborde.
Présent à Alger, l’amiral François Darlan, inféodé à Pétain, conclut un armistice avec les Américains mais il est assassiné le 24 décembre 1942. Les Alliés le remplacent par le général Henri Giraud, qui n’a pas rompu avec l’idéologie vichyste.
Les Allemands s’installent véritablement dans l’Ain à partir de janvier 1943 et ils se réservent les meilleurs hôtels. Le secteur situé à l’est de la route nationale 84, de Lagnieu à Bellegarde, est confié à l’administration italienne et le restera jusqu’à la chute de Mussolini, au début de septembre 1943.
À Vichy, le chef du gouvernement, Pierre Laval, s’est engagé pleinement dans la collaboration et il a créé la Milice française le 30 janvier 1943. Après la Relève instituée le 4 septembre 1942, il envoie davantage de travailleurs français en Allemagne avec la loi du Service du travail obligatoire (S.T.O.), promulguée le 16 février 1943. Bien des hommes refusent cette "déportation", se cachent ou prennent le "Maquis" dans des camps, dans le département ou ailleurs, que la Résistance doit organiser et gérer.
Face à Giraud, le général de Gaulle réagit. Après avoir institué le Conseil national de la Résistance (C.N.R.) le 27 mai 1943 en intégrant mouvements de résistance, partis politiques et syndicats ouvriers, il ʺs’inviteʺ à Alger le 30 mai 1943. Dès le 3 juin 1943, il obtient la création d’un Comité français de la libération nationale (C.F.L.N.), avec une coprésidence assurée par les deux généraux.
L’arrestation de Jean Moulin le 21 juin 1943 à Caluire (Rhône) fragilise l’édifice construit par de Gaulle. Les mouvements de Résistance, toujours réticents à se placer sous son autorité, créent alors le Comité central des mouvements qui met en place six commissions pour préparer les dispositions et les institutions à prévoir à la Libération.
Pour rompre avec un dispositif trop centralisé, un délégué militaire régional (D.M.R.) est mis à la tête de chaque "région militaire", Maurice Bourgès-Maunoury pour la R 1 Lyon dans un premier temps. Ces D.M.R. ont de larges pouvoirs, notamment financiers.
En outre, le général de Gaulle manœuvre toujours habilement entre civils et militaires, entre les différentes sensibilités pour rester un rassembleur. Aussi, en septembre 1943, installe-t-il l’Assemblée consultative d’Alger composée de 103 membres. Il s’assure ensuite le contrôle de l’ensemble des services secrets français et il écarte définitivement son rival, le général Giraud, en novembre 1943. Pour la France de l’intérieur, il est aussi "laʺ voix de la Résistance grâce à ses émissions à la B.B.C., la radio anglaise.
Passer à l’action
Au cours de l’été 1943, la Résistance est montée en puissance et elle se livre désormais à des actes de sabotage pour frapper indirectement l’Allemagne. Cette situation incite les autorités à imposer un couvre-feu de 22 heures à 5 heures à partir du 10 octobre 1943. La Résistance active est bien une réalité et, pour le 11 novembre 1943, son mot d’ordre général, « Les vainqueurs de demain aux vainqueurs de 14-18 », est appliqué dans de multiples communes de l’Ain [2].
En fin d’année 1943, deux France s’affrontent : celle qui voit son avenir dans une Europe dominée par l’Allemagne pour se préserver du bolchevisme, et celle qui lutte pour son indépendance et le rétablissement de la République. Les tensions ne peuvent que s’exacerber et la violence augmenter.
Au 23 décembre 1943 et pour un mois, la gendarmerie de l’Ain a relevé 45 crimes et 388 délits de toutes sortes, « dus à une plus grande activité des mouvements de résistance ». De son côté, le contrôle postal a ouvert 9 810 courriers du 29 décembre 1943 au 4 janvier 1944. L’analyse fait ressortir que l’opinion publique exprime une « lassitude générale et [un] désir de voir se terminer la guerre » à 1 548 reprises. Le terrorisme est évoqué à 219 reprises dont 69 fois pour le désapprouver. Un débarquement anglo-américain est espéré à 42 reprises et craint à 37 reprises. Ces relevés sont effectués à l’insu des expéditeurs [3]. À la fin de novembre 1943, 1 715 jeunes avaient refusé le S.T.O. mais tous n’ont pas rejoint le Maquis.
DEUXIÈME PARTIE : DE JANVIER À JUILLET 1944
De la violence et des inquiétudes
Au début de 1944, le souvenir de la Rafle de Nantua [4] est encore présent dans l’Ain et la population craint de nouvelles représailles allemandes. De l’inquiétude s’ajoute à l’annonce de l’arrivée, au gouvernement, de Joseph Darnand, chef de la Milice, comme secrétaire général au Maintien de l’ordre. La Milice aura une place plus importante au sein de la répression au point « d’effectuer certaines opérations qui, jusqu’à alors, étaient du ressort de la police ».
De leur côté, les Allemands durcissent leur lutte contre les maquisards, des "terroristes" pour eux.
Au sein des Troupes d’opération, qui regroupent les Groupes mobiles de réserve (G.M.R.) et la Milice à leurs côtés, ils ont la volonté d’imposer la terreur pour amener « la population française à seconder efficacement les pouvoirs publics et les autorités allemandes dans la lutte contre le terrorisme [5] ». Pour les miliciens, la nomination de Darnand est un encouragement à accentuer leur lutte contre les "antinationaux". Les maquisards ont aussi à craindre d’être traduits devant les cours martiales instituées par Vichy, à leur égard, au 1er février 1944.
La lutte armée
Les maquisards sont de plus en plus actifs et déterminés. Le 12 janvier 1944, nuitamment, deux groupes agissent simultanément en gare de Bellegarde et La Cluse pour mettre hors d’usage respectivement douze et deux locomotives. Une opération similaire se déroule à Bourg au matin du 16 janvier 1944 pour la destruction, toujours à l’explosif, de onze locomotives au dépôt S.N.C.F. D’autres groupes attaquent les casernes de gendarmerie de Seyssel ou de Virieu-le-Grand pour s’emparer de fusils. Le 23 janvier 1944, les Renseignements généraux constatent que ces « exploits retentissants et souvent trop hardis des éléments du Maquis impressionnent fortement la population qui appréhende les conséquences risquant d’en découler ». Face à de tels actes, le préfet déplore, lui, le manque de forces de police.
Les Allemands considèrent les regroupements de maquisards comme une réelle menace. En plusieurs lieux de France, ils engagent des actions répressives, notamment dans l’Ain du 5 au 13 février 1944 dans le Haut-Bugey, puis du 8 au 20 avril 1944 dans le Revermont et encore dans le Haut-Bugey [6]. Pour cette dernière période, le bilan établi le 5 mai est particulièrement lourd : « 184 personnes arrêtées, 52 personnes tuées, 86 fermes incendiées ». Le sous-préfet de Nantua ajoute que « des civils français secondaient [les Allemands] dans ces opérations de police ».
Pour les quatre premiers mois de l’année, le bilan de la répression du "terrorisme" est relativement faible avec "seulement" 15 maquisards arrêtés, 10 tués et 66 réfractaires au S.T.O. arrêtés, mais, « en bandes très mobiles et disséminées, il est très difficile de les atteindre [7] ».
Il est permis de noter deux formes de la Résistance : la Résistance action où des hommes et des femmes agissent au sein d’un mouvement en prenant des risques au quotidien et la Résistance mouvement pour des gens qui offrent une aide ponctuelle, souvent spontanée et désintéressée, aux autres résistants. Là, les risques encourus sont plus faibles. Les résistants actifs bénéficient sans doute de discrets renseignements fournis par le Noyautage des administrations publiques (N.A.P.), une résistance souvent tombée dans l’oubli. Comment expliquer, par exemple, l’évacuation du camp de Racouze (commune de Grand-Corent], par les maquisards le 1er avril 1944, juste avant une attaque des Troupes d’opération, fortes d’environ 150 hommes venus du Rhône et de l’Isère. [8]. À l’inverse, ces mêmes troupes infiltrent parfois les Maquis ou "retournent" des résistants.
Diriger et contrôler les événements à venir
À l’extérieur de la France, on s’interroge sur le rôle de la Résistance intérieure. Ne doit-elle pas se limiter à la seule collecte de renseignements et attendre les instructions des Alliés pour passer à l’action ? D’ailleurs, ces Alliés ont longtemps eu de sérieux doutes sur ses possibilités militaires. En outre, le nombre d’avions disponibles est limité pour procéder à des parachutages qui, eux-mêmes, n’atteindront pas forcément leur but. Les bombardements sont alors privilégiés, même au prix de victimes civiles.
Quant aux responsables de la France combattante, ils travaillent toujours à mieux coordonner la Résistance armée, à lui obtenir des parachutages d’armes et de munitions. Aussi les combattants de l’ombre sont-ils regroupés au sein des Forces françaises de l’intérieur (F.F.I.) au 1er février 1944. Acceptant cette union, les Francs-tireurs et Partisans (F.T.P.), d’obédience communiste, gardent néanmoins leur autonomie de commandement et d’organisation. Pareillement au 15 mars 1944, le C.N.R. adopte son programme d’action avec deux objectifs : l’action immédiate et les mesures à appliquer dès la libération du territoire [9].
Dans la perspective du débarquement, les Alliés modifient leur attitude et se décident à armer la Résistance intérieure. Au-delà des renseignements cruciaux, deux objectifs sont fixés à celle-ci : entraver l’action des Allemands et préserver certaines installations de futures destructions par l’ennemi, au moment de sa retraite. Dans l’Ain, le premier est particulièrement appliqué.
À Londres ou Alger, d’autres questions taraudent les esprits. À la Libération, qui s’accaparera du pouvoir ? Un soulèvement populaire, les communistes ou un diktat des Alliés ? Ne faut-il pas préparer discrètement des institutions ? Le gouvernement provisoire en exil a déjà créé, par une ordonnance du 10 janvier 1944 (elle restera secrète jusqu’au 6 juillet), les Commissaires de la République, chargés de larges prérogatives destinées « à pourvoir à l’administration du territoire, à rétablir la légalité républicaine et à satisfaire aux besoins de la population ». La Commission des désignations administratives choisit les préfets et les Commissaires de la République, en fonction de leurs capacités et de leur incontestable passé de résistant. Dès le mois de mai, les fonctionnaires désignés s’installent discrètement dans leur circonscription et une administration se prépare à sortir soudainement de l’ombre.
L’élaboration des Comités départementaux de libération (C.D.L.), qui succéderont aux Conseils généraux est plus laborieuse, le Parti communiste imposant des représentants de ses structures affinitaires. Les hommes qui participent à cette organisation souterraine risquent aussi leur vie, par capture ou trahison, lorsqu’ils sont parachutés en France pour assurer les liaisons indispensables. À chaque défaillance, il faut en analyser les circonstances et le "chaînon manquant" est à remplacer. Habitué de longue date à la clandestinité, le Parti communiste s’en sort mieux dans ce domaine.
Les dispositions arrêtées à Londres ou à Alger sont-elles connues de la Résistance intérieure ? Ne privent-elles pas celle-ci d’une participation au rétablissement des institutions ? Quoi qu’il en soit, elles provoqueront quelques frictions, comme dans l’Ain.
Un mois de mai très agité
Le débarquement des Alliés est attendu mais sa mise en œuvre est subordonnée à de nombreux paramètres maritimes et météorologiques. La population locale s’interroge beaucoup sur ses modalités et ses répercussions, sur la proportion de soldats français. Les nœuds ferroviaires de Bourg et d’Ambérieu seront-ils bombardés ? Le lieu retenu reste secret et les Alliés entretiennent, à dessein, l’ambiguïté pour maintenir la dispersion des troupes ennemies.
Les Français combattants et de Gaulle ne sont pas mis dans la confidence mais divers plans ont été élaborés pour que la Résistance intérieure agisse le moment venu, notamment par le Plan vert pour le sabotage des voies de communication et par le Plan violet pour les lignes téléphoniques ennemies. Des messages secrets, diffusés à la radio de Londres, les déclencheront.
Toujours en ce mois de mai, les Renseignements généraux de l’Ain constatent que : « les mouvements de résistance se manifestent par une activité débordante ». Les différents rapports répertorient 29 sabotages ferroviaires (dont 12 avec déraillement) et 32 vols de tabac, particulièrement prisé. Des pylônes (6), des installations téléphoniques (6) sont détruits et des Chantiers de jeunesse (3) visés. Dans la nuit du 28 au 29 mai, onze locomotives, la plaque tournante du dépôt et des installations ferroviaires sont détériorées en gare de Bellegarde où un "terroriste" est tué par les Troupes d’opération.
On vole aussi des perceptions (2), bureau de poste (3) ou particuliers (2) pour d’importantes sommes d’argent. De nombreux autres vols (plus de 80), souvent à main armée, sont commis pour s’emparer de tickets d’alimentation et de réquisition, de véhicules, de beurre ou de fromage, de l’essence, du vin ou encore des tampons de mairie. Ces forfaits sont commis sur l’ensemble du département et ils ne sont sans doute pas l’œuvre de la seule Résistance car la période troublée est mise à profit par les ʺbrigandsʺ. Nombreux sont aussi les actes d’intimidation, voire les meurtres, contre des personnes. Enfin, parmi les parachutages sans doute plus nombreux, deux sont signalés près de Grand-Corent et à Saint-Paul-de-Varax mais, à chaque fois, « le matériel a été enlevé par un groupe de résistance avant l’arrivée de la gendarmerie ».
Le 25 mai, des avions anglo-saxons bombardent Ambérieu et Saint-Denis-en-Bugey, pour un lourd bilan : « 9 morts, 60 blessés, 100 maisons endommagées. Usine à gaz complètement détruite. Dégâts très importants aux dépendances de la gare et aux voies ferrées. 10 wagons chargés de ravitaillement éventrés. Environ 50 entonnoirs de bombes relevés [10] ».
En fin de mois, la situation se tend encore. L’État-major allemand, installé à l’Hôtel Terminus de Bourg, demande une surveillance accrue sur la ville et les communes voisines de Péronnas, Saint-Denis et Viriat. Le préfet lui répond favorablement le 30 mai 1944 et des patrouilles françaises de police et de gendarmerie sillonneront leur secteur entre 20 heures et 5 heures mais il faut, « afin d’éviter tous incidents avec les patrouilles allemandes, qu’un signe de reconnaissance soit établi [11] ». Les cafés et restaurants seront fermés à partir de 20 heures.
La Milice au Lycée Lalande de Bourg le 5 juin 1944
Les semaines se suivent et l’activité des résistants ne faiblit pas. Début juin 1944, « l’impression, dans le public, en général, est que tout pouvoir est désormais dans les mains du Maquis et qu’il s’en servira sur un signe venu des Alliés, signe qu’il n’attendra peut-être pas. (...) L’attentat de la gare de Bourg a fait espérer l’économie d’un bombardement ». L’attentat cité a eu lieu le 2 juin où une centaine d’individus armés ont endommagé 15 locomotives du dépôt S.N.C.F. de Bourg, ainsi que la plaque tournante et un poste d’aiguillage. Quatre jours plus tard, la gare de Bellegarde est attaquée par une cinquantaine d’individus : onze locomotives, la plaque tournante et un poste d’aiguillage sont sabotés. La circulation ferroviaire est aussi entravée par des attentats à Ambronay, Bény, Druillat, Saint-Rambert-en-Bugey, le Moulin-des-Ponts, Druillat (à nouveau), Pont-d’Ain, La Cluse, Sylans ou encore Nurieux [12].
Pour ses activités, même si elle paie rarement les denrées prélevées, la Résistance a besoin d’argent. Aussi un groupe est-il chargé d’un vol à la Trésorerie générale de Bourg. Les circonstances ne sont pas favorables pour les deux premières tentatives et une troisième est programmée le lundi 5 juin 1944, peu après neuf heures du matin, à l’arrivée du caissier. Une voiture du Maquis, arrivée de Gravelles (commune de Saint-Martin-du-Mont), se met en place à proximité mais une voiture de miliciens surgit aussi. Des coups de feu sont échangés et deux maquisards sont blessés et capturés. Ils parviendront à s’échapper plus tard. L’attaque a échoué [13]. Projet éventé ou trahison ? Ce fait n’est pas noté dans les différents rapports de l’administration, occulté sans doute par le suivant.
« Le 5 juin 1944, vers 16h10, une trentaine de miliciens armés et en tenue sont arrivés en camion devant le lycée Lalande à Bourg, où se passaient les examens du baccalauréat 2e partie. Après avoir tiré plusieurs salves de mitraillettes dans la rue Lalande, à proximité du lycée, ils ont fait irruption dans cet établissement. (…) Les garçons ont été mis d’un côté et les jeunes filles de l’autre. Ces dernières ont été ensuite enfermées dans une classe. (…) Un appel de certains élèves a été fait dans la cour. Ces derniers, au nombre de 42, 13 professeurs et le personnel de l’administration du Lycée ont été emmenés en camion, en direction de Saint-Étienne-du-Bois Vers 21 heures, tous furent libérés, sauf 11 élèves et 1 répétiteur. On ignore les motifs de cette opération qui a fait une grande sensation parmi le personnel enseignant et la population de Bourg [14] ».
À Pont-d’Ain, ce même 5 juin, « vers cinq heures [du matin ?], un engagement a lieu entre 150 individus puissamment armés et le groupe de G.M.R. cantonné dans la localité de Pont-d’Ain. (…) Les terroristes leur ont pris leur matériel. Dans la nuit du 5 au 6, des opérations ont été effectuées par la Feldgendarmerie dans la région de Montrevel et à Montrevel. Un détachement a occupé la gendarmerie de Montrevel de 1h15 à 11 heures [15] ».
La journée particulière du 6 juin 1944
À Bourg, la journée du 6 juin 1944 débute dans la stupeur à cause de deux événements qui se télescopent brutalement. Déjà, durant la nuit, la Milice s’installe pour mettre la ville en état de siège à partir de sept heures. Des postes de guet sont installés aux entrées, toute circulation et les communications téléphoniques sont interdites. C’est dans ces conditions particulières que la radio annonce le débarquement des Alliés sur les côtes françaises, le lieu exact n’étant pas encore connu. La population s’exaspère car la présence des troupes miliciennes, déjà peu appréciées, ne permet pas d’aller aux nouvelles. Elle en est réduite à écouter les radios.
Le "bouclage" de la ville était imprévisible et, au matin, un camion chargé de résistants et d’armes se heurte aux miliciens installés à Péronnas, au carrefour des Granges Bonnet. Le chauffeur est tué d’une balle dans la tête et le camion se bloque contre un obstacle. Les résistants s’échappent mais l’un d’entre eux, blessé, doit se rendre, sinon les maisons voisines seront incendiées pour le débusquer. Il sera laissé sans soin et décédera. Ce transport d’armes, en provenance de Bourbouillon (Saint-André-sur-Vieux-Jonc), devait rejoindre Gravelles (Saint-Martin-du-Mont) en évitant la ville. Au dernier moment, qui a demandé le changement d’itinéraire fatal à deux hommes ? L’armement aussi est perdu.
En ville, les Troupes d’opération procèdent à une soixantaine d’arrestations. L’état de siège est levé vers 17 heures, au grand soulagement des habitants qui ont passé la journée dans leurs appartements. Ils descendent alors dans les rues qui se remplissent d’attroupements. « Les conversations portent surtout sur les faits relatifs à l’état de siège, aux opérations de police, à la Milice, à de petites mésaventures personnelles. C’est à l’intérieur et au café qu’on parle du débarquement.
Le choc psychologique que représente cette journée du 6 juin 1944 à Bourg est du même ordre que celui d’une déclaration de guerre ou d’une mobilisation générale ». En outre, les Burgiens ne savent rien des événements qui se déroulent dans les environs immédiats.
En définitive, « la population s’extériorise et parle beaucoup, alors qu’il y a une dizaine de jours encore, elle gardait ses habitudes de silence [16] ». En cette journée si particulière, beaucoup d’hommes rejoignent le Maquis.
Jours d’insurrection
Dans son rapport au chef du gouvernement, le 13 juin 1944, le préfet de l’Ain évoque les événements au jour le jour [17]. « Le 7 [juin] au matin, Bourg se trouvait complètement isolé de l’extérieur et du reste du département. Toutes les liaisons postales, ferroviaires et routières étaient interrompues. De nombreuses forces dissidentes, fortement armées, encerclaient Bourg et gardaient les barrages sur les routes, rendant impossible le rétablissement de toutes les communications. (…)
Le 8, la situation restait inchangée mais j’apprenais que le Maquis procédait, dans certains endroits, à la mobilisation de tous les hommes âgés de 18 à 60 ans et que son intention était d’occuper Bourg.
Dans la journée du 9, même situation. Devant cela, je demandai aux Ponts-et-Chaussées d’effectuer le déblaiement des routes, mais les barrages étant trop fortement gardés, les équipes durent rentrer à Bourg ; toutefois une partie de la route Bourg-Lyon (jusqu’à Servas) avait pu être déblayée.
Le 10, j’ai reçu un télégramme du préfet régional de Lyon me demandant de faire dégager, par le service des Ponts-et-Chaussées et sous la protection des forces du maintien de l’ordre, la route Bourg-Lyon. Le lendemain matin, cette route était dégagée. Les autorités allemandes, de leur côté, avait rendu libre la route Bourg-Mâcon. (…)
À l’heure actuelle, je suis encore isolé avec les arrondissements de Nantua et Belley, ainsi que la plupart des communes du département. Toutefois, les relations se rétablissent lentement à mesure que les dissidents se dispersent, soit d’eux-mêmes, soit sous la pression des forces du Maintien de l’ordre ou des troupes allemandes. On m’assure que des exécutions auraient été faites par les dissidents dans certaines communes mais je ne puis encore en donner le nombre. (…)
En ce qui concerne les autorités allemandes, j’ai l’honneur de vous informer que, depuis 48 heures, de nombreuses troupes arrivent à Bourg et se livrent à certaines opérations dans l’Ain ».
Dès le 11 juin, elles ont demandé que « l’électricité soit coupée dans les communes occupées par [les] éléments insurrectionnels ».
Peu après, la Milice elle-même impose ses ordres au préfet : « Par décision du chef d’Agostini, l’état de siège du département de l’Ain a été institué le 14 juin : couvre-feu de 18 h à 7 h, et interdiction de circuler en voiture, moto et bicyclette. Les miliciens du département de l’Ain ont été mobilisés à Bourg, où ils devaient se rendre à la date du 7 juin, à midi. Tous n’ont pas rejoint, soit impossibilité, soit hésitation ». Ce couvre-feu gêne beaucoup les travaux des champs et le ravitaillement car, à son déclenchement, il n’est que 16 heures au soleil et environ trois heures et demie d’activités diverses sont perdues. Ce que dénonce la gendarmerie de Belley concerne aussi la Bresse et la Dombes : « il n’apparaît pas logique que les habitants de communes non occupées aient moins de liberté que ceux des autres communes et d’ajouter ainsi au mécontentement de la population ».
Miliciens et troupes allemandes poursuivent activement leurs opérations « tant pour le dégagement des routes que pour le nettoyage des localités occupées par des éléments de résistance ». Les accrochages sont nombreux et en tous lieux. Le 20 juin, la Milice informe la mairie de Bourg « qu’elle réquisitionne, à partir de samedi matin [24 juin], la totalité de l’École Bichat et de l’École Carriat ».
La ville de Bourg vit un mois de juin compliqué, surtout la nuit, entre les alertes aériennes, les extinctions de lumière imposées, les coups de feu sporadiques malgré le couvre-feu. Beaucoup d’armes sont détenues par quelques hommes, avides d’en découdre. La population manque de ravitaillement mais « la répartition des 14 wagons d’abricots retenus par les circonstances à la gare de Bourg, a produit la meilleure impression [18] ».
Comme depuis le début de la guerre, toute bicyclette est susceptible d’être volée alors qu’elle est le seul moyen de locomotion pour aller travailler ou se ravitailler dans les alentours. Chaque jour, des plaintes sont déposées à la gendarmerie.
Pourquoi la ville de Bourg n’a pas été "libérée" ?
« Le 6 juin, on s’attendait, à Bourg, à une brusque invasion des groupes de la Résistance. (…) [et], pour la nuit du 8 au 9, à Bourg, à des évènements de la plus grande importance. (…) La population souhaite en général l’arrivée des groupes de résistance ; elle craint simplement des combats de rues, par trop préjudiciables à sa tranquillité ».
Pourquoi la Résistance n’a-t-elle pas pris le contrôle de la ville de Bourg comme elle l’a fait dans la majeure partie du Bugey et du Haut-Bugey, à Bellegarde et, dans une moindre mesure, à Coligny ou encore à Châtillon et Vonnas ? Il est permis de penser que la mise en état de siège de la ville par les miliciens, le matin même du débarquement, est déjà un sérieux motif de non-intervention pour éviter un violent affrontement franco-français, surtout face à d’Agostini, le seul chef départemental des miliciens à être resté dans la mémoire collective locale, pour sa détermination.
La Résistance locale espérait sans doute prendre, subrepticement et sans effusion de sang, le contrôle de la ville et de ses environs. L’opportunité n’a pas été au rendez-vous et elle ne se représentera jamais, les miliciens restant sur place et les soldats allemands arrivant.
Cette hypothèse peut être contestée [19] mais comment expliquer l’encerclement complet de la cité par, sur chaque route y conduisant, les barrages d’arbres abattus, des tranchées creusées et des barricades gardées par des hommes armés ?
Et si la ville, non occupée par les miliciens, avait été occupée par les résistants, quelle aurait été la réaction des Allemands ? La réponse est impossible mais des exemples peuvent être cités. Bourg, préfecture sur un axe important vers l’Allemagne, ne pouvait être laissé aux mains de la dissidence, comme Tulle (Corrèze) ou Guéret (Creuse), où les représailles allemandes ont eu des degrés d’intensité différents mais la violence s’est abattue sur les deux villes. Sans artillerie et sans un soutien aérien, les résistants ne pouvaient guère "tenir" une ville.
La question de la non-occupation de Bourg n’a pas été beaucoup analysée, l’émotion légitime suscitée par la rafle des lycéens prenant le pas sur toute autre séquence. En outre, des témoins potentiels, comme André Lévrier, ont perdu la vie dans leur combat pour la liberté.
Toutes les violences…
Le bilan du mois de juin est une longue litanie dont sont extraites quelques notes. « Le 8 [juin], d’importants éléments de résistance attaquent les casernes de gendarmerie de Logis-Neuf, Montrevel, Pont-de-Vaux, Pont-de-Veyle, Saint-Trivier-de-Courtes, Villars, Vonnas, Châtillon-sur-Chalaronne et Villeneuve. Ils occupent, du 8 au 12, celles de Villars, Vonnas et Châtillon-sur-Chalaronne. De nombreuses personnes arrêtées par eux sont détenues dans différents locaux de ces casernes ».
Le poste allemand de Mantenay, près de Saint-Trivier-de-Courtes, est attaqué, tout l’effectif est fait prisonnier et le cantonnement est incendié par les forces de résistance. Celles-ci attaquent la caserne de Bâgé-le-Châtel le 11 juin. Parmi les innombrables actions qui ont été relevées par l’administration, pour la seule partie ouest du département, l’épisode de Coligny est particulier avec, semble-t-il, les premières humiliations envers des femmes.
« Le 9 juin, vers 20 H., 5 individus du maquis sont venus en automobile enlever à leur domicile Mme [X] 29 ans, coiffeuse à Coligny, et son aide Mlle [X], 21 ans. Ils les ont emmenées sur la route de Pirajoux, à quelques kilomètres de Coligny. Là, en bordure de la route, ils leur ont coupé les cheveux, avec des ciseaux, car la tondeuse qu’ils avaient ne fonctionnaient pas. Une fois l’opération terminée, ils les ont ramenées chez elles.
Le lendemain matin, elles ont été conduites d’abord à la gendarmerie, puis à la mairie située en face. Là, Mme [X] a été invitée par des gens du maquis à se déshabiller et à rentrer chez elle, nue. Elle fut toutefois autorisée à mettre une écharpe en guise de cache-sexe. Mlle [X] n’a pas été déshabillée. (...) Pour rentrer chez elle, Mme [X] n’avait qu’une petite place et la route à traverser, soit une quarantaine de mètres environ [20] (...)
Le 11 juin, le maquis a continué ses arrestations et prononcé la dissolution de la municipalité de Coligny. Aussitôt, il a nommé à la place 3 responsables. (…) Le 12 juin, un important rassemblement a été constaté. (…) Le 14 juin, à l’annonce de l’arrivée de troupes allemandes, venant de la direction de Bourg, les bandes du maquis ont disparu pour fuir dans la montagne. Néanmoins, un accrochage a eu lieu entre Allemands et maquis, sur la route nationale n° 83, à Moulin-des-Ponts, commune de Villemotier. Au cours de cet engagement, plusieurs personnes ont été tuées. (…)
Le 14 juin, à l’arrivée des Allemands à Coligny, la municipalité s’est enfuie. Ce sont les deux gendarmes de la brigade qui ont été obligés de satisfaire aux demandes des troupes allemandes qui comprenaient leur ravitaillement et l’enlèvement immédiat des arbres abattus en travers des routes. Ils se sont très bien acquittés de cette lourde tâche avec la collaboration de tous les habitants et se sont épargné ainsi des sanctions probables [21] ».
D’autres "opérations" des forces de la répression s’exercent à Ceyzériat (22 et 23 juin), Jasseron (22, 24 et 28 juin), Saint-Martin-du-Mont (28 juin), Coligny (3 juillet) ou encore à Dommartin (30 juin) et à Ceyzériat (7 juillet), sans compter celles de la vallée de l’Albarine. Durant ces jours, de nombreux morts, rapts ou assassinats sont évoqués mais ils ne sont pas décomptés et les Allemands n’indiquent pas leurs bilans.
Peur sur la ville, le 10 juillet 1944
« Le 9 juillet, vers 17 h, arrivait un fort contingent de T.O. [Troupes d’opération] laissant à prévoir une importante opération de police. (...) Le 10 juillet, dès la première heure de la journée, la ville de Bourg était bloquée par les T.O. Différents barrages étaient établis pendant la nuit aux sorties de la ville. Dès 7 heures du matin, une voiture faisait le tour de la ville et un pompier, muni d’un clairon, annonçait que tous les hommes de Bourg, âgés de 17 à 45 ans, devaient se rassembler dans les divers secteurs de la ville, sous peine d’être fusillés s’ils étaient trouvés à leur domicile. Quant à ceux, âgés de plus de 45 ans, ils devaient rester consignés chez eux jusqu’à nouvel ordre.
Tous se présentaient aux divers secteurs de rassemblement et une sérieuse vérification d’identité était effectuée par la police allemande.
Dans le secteur sis dans la cour de la préfecture de l’Ain, une foule de plus de mille personnes était rassemblée dès 7h30. À 7h55, un nommé Lambert Marcel Baptiste (...) fut mené devant la foule. L’officier de la police allemande montra à la population rassemblée deux chargeurs de mousqueton et un paquet de pansements d’origine anglaise, trouvés sur l’intéressé. Il annonça que tous les terroristes seraient exécutés. Le jeune Lambert fut conduit dans une cour attenant à la préfecture et immédiatement exécuté.
À 8h45, son frère de lait, le nommé Servillat Célestin (...) fut amené à son tour dans la cour de la préfecture. Après l’annonce faite comme ayant aidé les terroristes, il fut froidement exécuté à coups de révolver au milieu du public. Son cadavre fut laissé à la même place jusqu’à 17h30. La foule fut atterrée par un tel spectacle.
Le contrôle d’identité s’effectua par la suite devant le cadavre de Servillat. 500 personnes environ furent gardées à vue et parquées aux cinémas "Eden" et "A.B.C." de Bourg.
Aux dernières nouvelles, M. d’Agostini, commandant la Franc-Garde, aurait demandé au président Laval d’intervenir auprès des autorités allemandes en vue de faire libérer les personnes arrêtées. Quelques-unes d’entre elles ont été relâchées au cours de la soirée. Mais le S.D. [Sicherheitsdienst : service de sécurité allemand] de Lyon a refusé de libéré les autres. Elles sont actuellement rassemblées à la caserne Aubry de Bourg et un train devant les emmener à 16h55 stationne présentement en gare de Bourg.
Les T.O. sont reparties ce jour 11 juillet vers 5 h du matin pour effectuer, dit-on, d’autres opérations de police dans la région.
Ces évènements ont causé une profonde impression parmi la population locale qui espère voir libérer ses concitoyens dans les plus brefs délais.
Bourg le 11 juillet 1944, le commissaire de police.
N.B. : Une précédente opération avait été effectuée par la milice française le 6 juin. Les habitants de Bourg se sentent depuis hier littéralement terrorisés. Cependant, ils restent calmes et résignés [22] ».
En réalité, un troisième homme a été tué en début de matinée dans le quartier des Vennes, Gabriel Bouquet, âgé de 28 ans. Il aurait tenté de fuir et, après les sommations d’un militaire allemand, il a été violemment frappé à la tête et abattu d’une balle tirée dans le dos [23].
L’intervention de d’Agostini, durant l’après-midi, peut surprendre mais elle s’inscrit dans la psychologie du "petit chef", jaloux de ses prérogatives sur son territoire car la Milice prétendait œuvrer pour les "bons Français".
Les personnes enfermées sont progressivement libérées : 290 le 13 juillet, 300 puis un fort contingent le 14 juillet. Au 17 juillet, 29 sont encore gardées. Les Allemands se sont montrés relativement cléments car, dans la région, leurs pertes sont dues à des accrochages et non à des assassinats froidement exécutés. En outre, leur drapeau n’a pas été profané. On sait qu’ils sont "chatouilleux" sur ces deux aspects. Il leur reste alors le fondement du nazisme, la haine du Juif. Aussi dix cadavres, dont sept d’Israélites, sont-ils retrouvés en bordure de la forêt de Seillon, le 20 juillet au matin.
Il est à noter que le 19 juillet, lorsque la Milice organise une conférence au Cinéma Éden, d’Agostini n’est plus son chef départemental. Six cents personnes auraient été présentes.
Un été ensanglanté
Imprimé à Oyonnax par les F.F.I., pour informer la population et les combattants, La Voix du Maquis n°2 du 8 juillet s’étonne « d’une absence totale d’initiative de la part des Allemands envers notre zone. Pas d’attaque, pas de bataille, même pas de patrouilles ennemies dans nos lignes ». Ce calme trompeur précède l’orage car, après leur départ de Bourg, les Troupes d’opération (T.O.) partent vers le Haut-Bugey pour reprendre le terrain occupé par le maquis. Le 11 juillet, leur bombardement sur Villereversure fait plusieurs victimes et blessés et leur attaque sur Neuville-sur-Ain est suivie de l’exécution de dix otages. Le 12 juillet, elles incendient une grande partie de Cerdon et fusillent trois personnes, dont le maire. Le Valromey et le Haut-Bugey sont aussi violemment attaqués de tous côtés.
Le 13 juillet, les Allemands entrent dans Nantua et fusillent 14 personnes qui auraient aidé la Résistance. Oyonnax est bombardé les 12 et 13 juillet et occupé le 14 juillet. Durant quelques jours, les Allemands interdisent l’accès à ces deux villes jusqu’au 18 juillet.
Au cours de cet été, peu de communes échappent à des faits liés à la guerre, du simple vol aux destructions, incendies et affrontements, comme dans les villages du Revermont que les Allemands parcourent le 18 juillet de Coligny à Treffort. Parfois, la mort frappe aveuglément des innocents, par le seul mauvais hasard.
Les maquisards continuent leur lutte sans relâche et la rencontre entre Henri Romans-Petit, chef des F.F.I. de l’Ain, et Yves Farge, le Commissaire de la République, déjà en mission, est d’une rare froideur. Elle a lieu à Giron, fin juillet [24].
Toutefois, la libération se rapproche car, en cette fin de mois de juillet 1944, les Alliés, après avoir beaucoup piétiné en Normandie, ont ouvert une brèche dans le dispositif ennemi. La Percée d’Avranches ouvre de nouvelles perspectives.
Rémi Riche.
Avril 2024.
Avec la collaboration de Gyliane Millet.
Archives départementales de l’Ain.
Archives municipales de Bourg-en-Bresse.
Bibliothèque de la Part-Dieu de Lyon.
Médiathèque Chalucet de Toulon.
N. B. : La Libération de Bourg et des environs sera évoquée dans notre prochaine chronique, en mai 2024.
Deuxième Guerre mondiale : le S.T.O. ou aller travailler en Allemagne
Le 11 novembre 1943 à Bourg-en-Bresse, Oyonnax et dans l’Ain
Photos
[1] Yves Martin. L’Ain dans la guerre. Horvath. 1989.
[2] Voir notre chronique Le 11 novembre 1943 à Oyonnax et dans l’Ain. Lien à la suite de cette chronique.
[3] A.D. Ain. Indications relevées dans le dossier 180W114.
[4] Opération de police menée par 500 à 600 soldats allemands le 14 décembre 1943. Plus de 80 hommes ont été déportés en Allemagne.
[5] A.D. Ain. Citations extraites du dossier 180W106.
[6] La rafle des enfants d’Izieu a lieu le 6 avril 1944.
[7] Totaux et citations extraits des différents rapports. A.D. Ain. Dossier 180W106.
[8] A.D. Ain. 180W247. Ce hameau est incendié et détruit par les Allemands le 16 avril 1944. A.D. Ain. 180W286.
[9] Une édition clandestine publie ce programme sous le titre Les jours heureux.
[10] A.D. Ain. 180W106.
[11] A.D. Ain. 180W233.
[12] Extraits du rapport des R.G. du 4 juin 1944. 180W106.
[13] Témoignage de Jean Marinet dans Histoires peu ordinaires de lycéens ordinaires.
[14] A.D. Ain. 180W233.
[15] Les Allemands ne rendent pas de compte de leurs actions aux autorités françaises. A.D. Ain. 180W106.
[16] Extraits du rapport hebdomadaire des R.G. du 10 juin 1944. 180W106.
[17] A.D. Ain. 180W234.
[18] Les citations sont extraites des 180W106, 180W 233 et 180W234 des A.D. Ain.
[19] Les écoliers de Marsonnas indiquent que Bourg devait être attaqué par le Maquis. Voir La libération d’un village bressan, Marsonnas, canton de Montrevel (Ain).
[20] Les noms ont été occultés par la rédaction.
[21] Rapport des R.G. du 20 juin 1944. A.D. Ain. 180W234.
[22] A.D. Ain. 180W234.
[23] Certificat médical du Docteur Genevois du 12 juillet 1944. A.D. Ain. 63J24.
[24] Voir le récit du colonel Henri Romans-Petit dans Les Maquis de l’Ain. Hachette Littérature. 1974.